Instigations - Part 26
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Part 26

"EPILOGUES" (1895-98). Pleasant re-reading, a book to leave lying about, to look back into at odd half hours. A book of acc.u.mulations. Full of meat as a good walnut.

Heterogeneous as the following paragraphs:

"Ni la croyance en un seul Dieu, ni la morale ne sont les fondements vrais de la religion. Une religion, meme le Christianisme, n'eut jamais sur les murs qu'une influence dilatoire, l'influence d'un bras leve; elle doit recommencer son preche, non pas seulement avec chaque generation humaine, mais avec chaque phase d'une vie individuelle.

N'apportant pas des verites evidentes en soi, son enseignement oublie, elle ne laisse rien dans les ames que l'effroi du peut-etre et la honte d'etre a.s.servi a une peur ou a une esperance dont les chaines fantomales entravent non pas nos actes mais nos desirs.

"L'essence d'une religion, c'est sa litterature. Or la litterature religieuse est morte." _Religions._

"Je veux bien que l'on me protege contre des ennemis inconnus, l'escarpe ou le cambrioleur,--mais contre moi-meme, vices ou pa.s.sions, non."

_Madame Boulton._

"Si le cosmopolitisme litteraire gagnait encore et qu'il reussit a eteindre ce que les differences de race ont allume de haine de sang parmi les hommes, j'y verrais un gain pour la civilisation et pour l'humanite tout entiere." _Cosmopolitisme._

"Augier! Tous les lucratifs reves de la bourgeoise econome; tous les soupirs des vierges confortables; toutes les reticences des consciences soignees; toutes les joies permises aux ventres prudents; toutes les veuleries des bourses craintives; tous les siphons conjugaux; toutes les envies de la robe montante contre les epaules nues; toutes les haines du waterproof contre la grace et contre la beaute! Augier, crinoline, parapluie, bec-de-corbin, bonnet grec...." _Augier._

"Dieu aime la melodie gregorienne, mais avec moderation. Il a soin de varier le programme quotidien des concerts celestes, dont le fond reste le plain-chant lithurgique, par des auditions de Bach, Mozart, Haendel, Haydn, 'et meme Gounod.' Dieu ignore Wagner, mais il aime la variete."

_Le Dieu des Belges._

"La propriete n'est pas sacree; elle n'est qu'un fait acceptable comme necessaire au developpement de la liberte individuelle....

"L'abominable loi des cinquantes ans--contre laquelle Proudhon lutta en vain si courageus.e.m.e.nt--commence a faire sentir sa tyrannie. La veuve de M. Dumas a fait interdire la reprise d'Antony. Motif: son bon plaisir.

Des caprices d'heritiers peuvent d'un jour a l'autre nous priver pendant cinquante ans de toute une uvre.

"Demain les uvres de Renan, de Taine, de Verlaine, de Villiers peuvent appartenir a un cure fanatique ou a une devote stupide." _La Propriete Litteraire._

"M. Desjardins, plus modeste, inaugure la morale artistique et murale, seconde par l'excellent M. Puvis de Chavannes qui n'y comprend rien, mais s'avoue tout de meme bien content de figurer sur les murs."

_U.P.A.M._

"Les auteurs, 'avertis par le Public....' Il y a dans ces mots toute une esthetique, non seulement dramatique, mais democratique: Plus d'insucces. Plus de fours. Admirable invention par laquelle, sans doute, le peuple trouvera enfin l'art qui lui convient et les auteurs qu'il merite." _Conscience Litteraire._

"Le citoyen est une variete de l'homme; variete degeneree ou primitive il est a l'homme ce que le chat de goutiere est au chat sauvage.

"Comme toutes les creations vraiment belles et n.o.blement utiles, la sociologie fut l'uvre d'un homme de genie, M. Herbert Spencer, et le principe de sa gloire.

"La saine Sociologie traite de l'evolution a travers les ages d'un groupe de metaph.o.r.es, Famille, Patrie, Etat, Societe, etc. Ces mots sont de ceux que l'on dit collectifs et qui n'ont en soi aucune signification, l'histoire les a employes de tous temps, mais la Sociologie, par d'astucieuses definitions precise leur neant tout en propageant leur culte.

"Car tout mot collectif, et d'abord ceux du vocabulaire sociologique sont l'objet d'un culte. A la Famille, a la Patrie, a l'Etat, a la Societe, on sacrifie des citoyens males et des citoyens femelles; les males en plus grand nombre; ce n'est que par intermede, en temps de greve ou d'emeute, pour essayer un nouveau fusil que l'on perfore des femelles; elles offrent au coup une cible moins defiante et plus plaisante; ce sont la d'inevitables pet.i.ts incidents de la vie politique. Le male est l'hostie ordinaire.

"Le caractere fondamental du citoyen est donc le devouement, la resignation et la stupidite; il exerce princ.i.p.alement ces qualites selon trois fonctions physiologiques, comme animal reproducteur, comme animal electoral, comme animal contribuable.

"Devenu animal electoral, le citoyen n'est pas depourvu de subtilite.

Ayant flaire, il distingue hardiment entre un opportuniste et un radical. Son ingeniosite va jusqu'a la mefiance: le mot Liberte le fait aboyer, tel un chien perdu. A l'idee qu'on va le laisser seul dans les tenebres de sa volonte, il pleure, il appelle sa mere, la Republique, son pere, l'Etat.

"Du fond de sa grange ou de son atelier, il entretient volontiers ceux qui le protegent contre lui-meme.

"Et puis songe: si tu te revoltais, il n'y aurait plus de lois, et quand tu voudrais mourir, comment ferais-tu, si le registre n'etait plus la pour accueillir ton nomme?" _Paradoxes sur le Citoyen._

"Si l'on est porte a souhaiter un deraillement, il faut parler, il faut ecrire, il faut sourire, il faut s'abstenir--c'est le grand point de toute vie civique. Les actuelles organisations sociales ont cette tare fondamentale que l'abstention legale et silencieuse les rend inermes et ridicules. Il faut empoisonner l'Autorite, lentement, en jouant. C'est si charmant de jouer et si utile au bon fonctionnement humain! Il faut se moquer. Il faut pa.s.ser, l'ironie dans les yeux, a travers les mailles des lois anti-liberales, et quand on promene a travers nos vignes, gens de France, l'idole gouvernementale, gardez-vous d'aucun acte vilain, des gros mots, des violences--rentrez chez vous, et mettez les volets. Sans avoir rien fait que de tres simple et de tres innocent vous vous reveillerez plus libres le lendemain." _Les Faiseurs de Statues._

"Charmant Tzar, tu la verras chez toi, la Revolution, stupide comme le peuple et feroce comme la bourgeoisie; tu la verras, depa.s.sant en animalite et en rapacite sanglante tout ce qu'on t'a permis de lire dans les tomes expurges qui firent ton education." _Le Delire Russe._

"Or un ecrivain, un poete, un philosophe, un homme des regions intellectuelles n'a qu'une patrie: sa langue." _Querelles de Belgique._

"Il faut encore, pour en revenir aux a.s.sa.s.sins, noter que le crime, sauf en des rares cas pa.s.sionnels, est le moyen et non le but." _Crimes._

"Le vers traditionnel est patriotique et national; le vers nouveau est anarchiste et sans patrie. Il semble que la rime riche fa.s.se partie vraiment de la richesse nationale: on vole quelque-chose a l'Etat en adoucissant la sonorite des ronrons: 'La France, Messieurs, manque de consonnes d'appui!' D'autre part, l'emploi de l'a.s.sonnance a quelque-chose de retrograde qui froisse les vrais democrates.

"Il est amusant de voir des gens qui ne doivent leur etat 'd'hommes modernes' qu'a la fauchaison brutale de toutes les traditions Francaises, protester aussi sottement contre des innovations non seulement logiques, mais inevitables. Ce qui donne quelque valeur a leur acrimonie, c'est qu'ils ignorent tout de cette question si complexe; de la leur liberte critique, n'ayant lu ni Gaston Paris, ni Darmesteter, ni aucun des ecrivains recents qui etudierent avec prudence tant de points obscurs de la phonetique et de la rythmique, ils tirent une autorite evidente de leur incompetence meme." _Le Vers Libre et les Prochaines Elections._

"PELERIN DU SILENCE" (1896) contains "Fleurs de Jadis" (1893), "Chateau Singulier" (1894), "Livres des Litanies," "Litanie de la Rose"[2]

(1892), Theatre Muet, "Le Fantome" (1893).

"LIVRE DES MASQUES" (1896), not particularly important, though the preface contains a good reformulation: as, for example,

"Le crime capital pour un ecrivain, c'est le conformisme, l'imitativite, la soumission aux regles et aux enseignements. L'uvre d'un ecrivain doit etre non seulement le reflet, mais le reflet grossi de sa personnalite. La seule excuse qu'un homme ait d'ecrire c'est de s'ecrire lui-meme, de devoiler aux autres la sort de monde qui se mire en son miroir individuel; sa seule excuse est d'etre original; il doit dire des choses non encore dites, et les dire en une forme non encore formulee.

Il doit se creer sa propre esthetique--et nous devrons admettre autant d'esthetiques qu'il y a d'esprits originaux et les juger d'apres ce qu'elles sont, et non d'apres ce qu'elles ne sont pas.

"L'esthetique est devenue elle aussi, un talent personnel."[3]

_Preface._

"Comme tous les ecrivains qui sont parvenus a comprendre la vie, c'est-a-dire son inutilite immediate, M. Francis Poictevin, bien que ne romancier, a promptement renonce au roman.

"Il est tres difficile de persuader a de certains vieillards--vieux ou jeunes--qu'il n'y a pas de sujets; il n'y a en litterature qu'un sujet, celui qui ecrit, et toute la litterature, c'est-a-dire toute la philosophie, peut surgir aussi bien a l'appel d'un chien ecrase qu'aux acclamations de Faust interpellant la Nature: 'Ou te saisir, o Nature infinie? Et vous, mamelles?'" _Francis Poictevin._

This book is of the '90s, of temporary interest, judgment in mid-career, less interesting now that the complete works of the subjects are available, or have faded from interest. This sort of criticism is a duty imposed on a man by his intelligence. The doing it a duty, a price exacted for his possession of intelligence.

In places the careless phrase, phrases careless of sense, in places the thing bien dit as in Verlaine. Here and there a sharp sentence, as

"M. Moreas ne comprendra jamais combien il est ridicule d'appeler Racine le Sophocle de la Ferte Milon." or:

"Parti de la chanson de Saint Leger, il en est, dit-on, arrive au XVIIeme. siecle, et cela en moins de dix annees; ce n'est pas si decourageant qu'on l'a cru. Et maintenant que les textes se font plus familiers, la route s'abrege; d'ici peu de haltes, M. Moreas campera sous le vieux chene Hugo et, s'il persevere, nous le verrons atteindre le but de son voyage, qui est sans doute de se rejoindre lui-meme."

_Jean Moreas._

This first "Livre des Masques" is of historical interest, as a list of men interesting at their time. It is work done in establishing good work, a necessary scaffolding, the debt to De Gourmont, because of it, is ethical rather than artistic. It is a worthy thing to have done. One should not reproach flaws, even if it appears that the author wastes time in this criticism, although this particular sort of half energy probably wouldn't have been any use for more creative or even more formulative writing. It is not a carving of statues, but only holding a torch for the public; ancillary writing. Local and temporal, introducing some men now better known and some, thank Heaven, unknown or forgotten.

"DEUXIeME LIVRE DES MASQUES" (1898), rather more important, longer essays, subjects apparently chosen more freely, leaves one perhaps more eager to read Alfred Valette's "Le Vierge" than any other book mentioned.

"Etre nul arrete dans son developpement vers une nullite equilibree."

We find typical Gourmont in the essay on Rictus:

"Ici c'est l'idee de la resignation qui trouble le Pauvre; comme tant d'autres, il la confond avec l'idee bouddhiste de non-activite. Cela n'a pas d'autre importance en un temps ou l'on confond tout, et ou un cerveau capable d'a.s.socier et de dissocier logiquement les idees doit etre considere comme une production miraculeuse de la Nature.

"Or l'art ne joue pas; il est grave, meme quand il rit, meme quand il danse. Il faut encore comprendre qu'en art tout ce qui n'est pas necessaire est inutile; et tout ce qui est inutile est mauvais." _Jehan Rictus._

He almost convinces one of Ephraim Mikhail's poetry, by his skillful leading up to quotation of:

"Mais le ciel gris est plein de tristesse caline ineffablement douce aux curs charges d'ennuis."