Instigations - Part 16
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Part 16

Les faisceaux de roseaux: banderolles et lances.

Et quand le soir empourprera le fier silence De la foret enjoleuse de la Douleur, Ses doigts, fuseaux filant au rouet des murmures Les beaux anneaux fleuris liant les fleurs aux fleurs,

Ses doigts n'auront saigne qu'aux epines peu dures.

_--Albert Saint-Paul in "La Wallonie," Jan_.,'91.

POUR LA DEMONE

Un soir de joie, un soir d'ivresse, un soir de fete, --Et quelle fete, et quelle ivresse, et quelle joie!-- Tu vins. L'imperial ennui sacrait ta tete; Et tu marchais dans un bruit d'armure et de soie.

Tu dedaignas tous les bijoux et l'oripeau De ruban, de dentelle et d'ephemere fleur....

Hermetique,[6] ta robe emprisonnait ta peau.

Oui, la fourrure seule autour de ta paleur.

Tu parus. Sous tes yeux que le kh'ol abomine, Le bal fut la lugubre et derisoire histoire.

Les hommes des pantins qu'un vice mene et mine.

Les femmes, curs et corps fanes,--et quel deboire!

POUR LA DEMONE

V.

Elle est folle, c'est sr, elle est folle la chere; Elle m'aime a n'en pas douter, mais elle est folle, Elle m'aime et, compatissez a ma misere, Avec tous, avec toutes, elle batifole.

Un pa.s.se.... Elle s'elance a lui, cur presume....

Elle s'offre et le provoque, puis elle fuit Vers ailleurs.... si fidele encore au seul-aime, Mais elle est folle et je m'eplore dans la nuit.

Pour quelque amie aux delicatesses felines, Elle glisse vers les caresses trop profondes.

... "Tu vas, folle, oublier mes rancurs orphelines."

Mais sa levre pensive hesite aux toisons blondes.

_--Jules Bois in "La Wallonie," Sept., '90._

In part we must take our reading of _La Wallonie_ as a study of the state of symbolism from 1885 to '92.

Rodenbach displays the other leaf of the diptych: the genre, the homely Wallon landscape, more familiar to the outer world in Verhaeren, but not, I think, better painted.

PAYSAGES SOUFFRANTS

II.

_A Emilie Verhaeren._

La-bas, tant de pet.i.ts hameaux sous l'avalanche De la neige qui tombe adoucissante et blanche, Tant de villages, tant de chaumines qui sont Pour le reste d'un soir doucement a.s.soupies, Car le neige s'etend en de molles charpies Sur les blessures des vieilles briques qui n'ont Rien senti d'une Sur sur leur rougeur qui saigne!

Mais, o neige, c'est toi la Sur au halo blanc Qui consoles les murs malades qu'on dedaigne Et mets un peu d'ouate aux pierres s'eraflant.

Las! rien ne guerira les chaumines--aeules Qui meurent de l'hiver et meurent d'etre seules....

Et leurs ames bientot, au gre des vents du nord.

Dans la fumee aux lents departs, seront parties Cependant que la neige, a l'heure de leur mort, Leur apporte ses refraichissantes hosties!

_--Georges Rodenbach in "La Wallonie," Jan_.,'88.

Rodenbach is authentic.

Viele-Griffin, who, as Stuart Merrill, has always been known in France as "an American," contributed largely to _La Wallonie_. His "Au Tombeau d'Helene" ends:

HELENE

Me voici: J'etais la des hier, et des sa veille, Ailleurs, ici; Toute chair, a pare, un soir, mon ame vieille Comme l'eternite du desir que tu vets.

La nuit est claire au firmament....

Regarde avec tes yeux leves: Voici--comme un tissu de pale feu fatal Qui fait epanouir la fleur pour la fletrir-- Monvoile ou transparait tout a.s.souviss.e.m.e.nt Qui t'appelle a la vie et qui t'en fait mourir.

La nuit est claire au firmament vital....

Mes mythes, tu les sais: Je suis fille du Cygne, Je suis la lune dont s'exuberent les mers Qui montent, tombent, se soulevent; Et c'est le flot de vie exultante et prostree, le flot des reves, le flot des chairs, le flux et le reflux de la vaste maree.

Mon doute--on dit l'Espoir--fait l'action insigne: Je suis reine de Sparte et celle-la de Troie, Par moi, la douloureuse existence guerroie Je meus toute inertie aux leurres de ma joie, Helene, Selene, flottant de phase en phase, Je suis l'Inaccedee et la tierce Hypostase Et si je rejetais, desir qui m'y convies, Mon voile qui promet et refuse l'extase, Ma nudite de feu resorberait les Vies....

_--Viele-Griffin in "La Wallonie," Dec._, '91.

_(Complete number devoted to his poems.)_

Mockel is represented by several poems rather too long to quote,--"Chantefable un peu naive," "L'Ant.i.these," suggestive of the Gourmont litany; by prose comment, by work over various pseudonyms. "A Clair Matin" is a suitable length to quote, and it is better perhaps to represent him here by it than by fragments which I had first intended to cut from his longer poems.

A CLAIR MATIN

La nuit au loin s'est effacee comme les lignes tremblantes d'un reve; la nuit s'est fondue au courant du Pa.s.se et le jour attendu se leve.

Regardez! en les courbes molles des rideaux une heure attendue se revele et ma fenetre enfin s'eclaire, cristalline du givre ou se rit la lumiere.

Une parure enfantine de neiges habille la-bas d'immobiles eaux et c'est les corteges des fees nouvelles a tire d'ailes, a tire d'ailes du grand lointain qui toutes reviennent aux flocons de ce jour en neiges qui s'epele.

Des courbes de mes rideaux clairs --voici! c'est un parfum de ciel!-- blanc des guirlandes de l'hiver le jeune matin m'est apparu avec un visage de fiancee.

Des fees (ah je ne sais quelles mortelles fees) jadis elles vinrent toucher la paupiere d'un etre enfantin qui mourut.

Son ame, ou se jouait en songes la lumiere, diaphane corolle epanouie au jour son ame etait vive de toute lumiere!

Lui, comme un frere il suivait ma course et nous allions en confiants de la montagne a la vallee par les forets des chenes, des hetres --car eux, les ancetres, ils ont le front grave ils virent maints reves des autres ages et nous parlent, tres doucement, comme nos Peres.

Mais voyez! a mes rideaux pales le matin glisse des sourires; car la Fiancee est venue car la Fiancee est venue avec un simple et tres doux visage, avec des mots qu'on n'entend pas, en silence la Fiancee est apparue comme une grande sur de l'enfant qui mourut; et les hetres, les chenes royaux des forets par douce vocalise egrenant leur parure, les voix ressuscitees en la plaine sonore et toute la foret d'aurore quand elle secoue du crepuscule sa chevelure, tout chante, bruit, petille et rayonne car la celeste Joie que la clarte delivre d'un hymne repercute aux miroirs du futur le front pale ou scintille en etoiles le givre.

_--Albert Mockel in "La Wallonie," Dernier fascicule, '92._

I have left Gide and Van Lerberghe unquoted, unmentioned, but I have, I dare say, given poems enough to indicate the quality and the scope of the poetry in _La Wallonie_.