Collections and Recollections - Part 26
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Part 26

Here I shut the book. And with the memories which that picture called up I may well bring these Recollections to a close. It is something to remember, amid the bustle and bitterness of active life, that one once had youth, and hope, and eagerness, and large opportunities, and generous friends. A tender and regretful sentiment seems to cling to the very walls and trees among which one cherished such bright ambitions and felt the pa.s.sionate sympathy of such loving hearts. The innocence and the confidence of boyhood pa.s.s away soon enough, and thrice happy is he who has contrived to keep

"The young lamb's heart amid the full-grown flocks."

FOOTNOTES:

[38] In _School and Home Life,_ by T.G. Rooper, M.A.

[39] In _Eric_, by F.W. Farrar, D.D.

TRAITS DE MOEURS ANGLAISES.

JEAN LA FRETTE.

De ce cote de la Manche nous avons une specialite de souvenirs militaires, et le public parait prendre gout a ce genre de lectures. De l'autre cote, les souvenirs sont plutot d'ordre politique ou litteraire.

Ils n'en sont pas moins interessants. Apres tout, les recits de ma.s.sacres et de saccages se ressemblent beaucoup, qu'ils soient d'Herodote ou de Canrobert: et meme il ne semble pas que le genre soit en progres, si l'on compare les termes extremes de la serie. Car Herodote vit autre chose que les tueries, et il l'en faut feliciter.

Il y a une autre difference entre les deux groupes de memoires en question. Les notres ont trait pour la plupart a une epoque que beaucoup de gens considerent comme un apogee, de sorte que, pour le lecteur, ils apportent plutot un sentiment de decouragement. "Voila ce qu'ils firent," se dit-il: "et nous?..." Car ce qu'on est convenu d'appeler "les gloires" napoleoniennes du debut du siecle ne suffit pas, helas, a effacer la tache--non moins napoleonienne--de 1870. Ce sentiment, le lecteur anglais ne l'eprouve pas a lire les memoires qui lui sont offerts, et qui, s'ils ne racontent pas, d'habitude, des exploits guerriers, relatent les phases princ.i.p.ales d'une lente evolution, d'un progres tres reel dans les moeurs, dans la culture et dans l'amelioration sociale generale.

Quel etait l'auteur du plus recent volume de souvenirs, _Collections and Recollections_, publie par MM. Smith, Elder et C'ie, a Londres, on l'ignora quelques semaines. Maintenant il n'y a plus de doute: l'auteur s'est fait connaitre; c'est M.G.W.E. Russell. Sa personnalite importait a.s.sez peu d'ailleurs: car ce n'est lui-meme qu'il raconte: ce sont ses contemporains et les faits dont il a ete temoin. Mais M. Russell est un homme de culture, qui a beaucoup approche de notabilites politiques et litteraires, et a su les ecouter parler, saisissant plus volontiers le cote humoristique ou anecdotique de leurs propos. Son livre est amusant et instructif a la fois: et il met bien en lumiere, dans les premiers chapitres en particulier, l'evolution dont il etait parle plus haut, la transformation graduelle que les moeurs anglaises ont subie depuis le commencement du siecle.

Ce n'est point que l'auteur soit centenaire, d'ailleurs. Il nous le dit express.e.m.e.nt: ses souvenirs personnels remontent a 1856 seulement: mais il a beaucoup vu de vieilles gens, il a pris note de leurs recits, et c'est par ces recits qu'il est facile de mesurer le chemin parcouru.

Ils confirment ce qu'on savait deja de la grossierete des moeurs a une epoque encore recente. Du reste l'exemple venait de haut, et la famille royale ne pouvait en imposer ni par la tenue, ni par la moralite.

Le prince de Galles, raconte Lord Seymour, dans des memoires inedits, le prince de Galles a.s.sure--et doit s'y connaitre--"qu'il n'y a pas une honnete femme a Londres, excepte Lady Parker et Lady Westmorland: et encore sont-elles si betes qu'on n'en peut rien tirer: tout au plus sont-elles capables de se moucher elles-memes." A la reception de Mme Vaneck, la semaine derniere [ceci se pa.s.se en 1788], le prince de Galles; a l'honneur de la politesse et de l'elegance de ses manieres, mesura la largeur de Mme V---- par derriere avec son mouchoir, et alla montrer les dimensions a presque tous ceux qui etaient la. Un autre trait de la conduite respectueuse du prince: a cette meme a.s.semblee il a fait signe a la pauvre vieille d.u.c.h.esse de Bedford a travers une grande salle, et apres qu'elle eut pris la peine de traverser cette derniere, il lui dit brusquement n'avoir rien a lui communiquer. Le prince a rendu visite la semaine derniere a Mme Vaneck, avec deux de ses ecuyers. En entrant dans la salle il s'est exclame: "Il _faut_ que je le fa.s.se: il le _faut_ ..." Mme V---- lui a demande ce qu'il etait oblige de faire, et la-dessus il a jete un clignement d'oeil a St. Leger et a l'autre complice qui ont couche Mme V---- a terre, et le prince l'a positivement fouettee...

C'etait le resultat d'un pari. Mais Mlle Vaneck avait quelque habitude des "jeux de rois": le prince fit penitence le lendemain, et elle ne lui en voulut point. Autre aimable fantaisie du prince: il recoit le duc d'Orleans, accompagne de son frere naturel, l'abbe de la Fai(?). L'abbe pretend avoir un secret pour charmer les poissons: d'ou le pari, a la suite duquel l'abbe s'approche de l'eau pour chatouiller un poisson avec une baguette. Se mefiant toutefois du prince, qu'il connaissait sans doute de reputation, il dit qu'il espere bien que celui-ci ne lui jouera pas le tour de le jeter a l'eau. Le prince de protester et de donner "sa parole d'honneur." L'abbe commence a se pencher sur un pet.i.t pont et le prince aussitot le saisit et le fait culbuter a l'eau, d'ou l'abbe se tire non sans peine, et non sans colere, car il court sur le prince avec un fouet pour le corriger, declarant a qui veut l'entendre ce qu'il pense d'un prince incapable de tenir parole. Les _practical jokers_ de ce genre n'etaient pas rares: le duc de c.u.mberland fit partager le meme sort a une jeune fille qui servait de dame de compagnie. Les "grands"

s'amusent....

Ils ont d'autres manieres de s'amuser: le jeu, la boisson, et le reste, qui sont de tous les temps et de tous les pays: l'histoire de France en peut temoigner autant que celle de n'importe quelle nation. Il faut croire que ces plaisirs sont les plus appropries a la caste oisive et riche, a qui il a suffi de naitre pour etre--ou paraitre--quelque chose.

Au reste, il n'y aurait guere a s'en plaindre: ils font office d'agents de selection; ils eliminent--dans la sterilite ou imbecillite--des etres imbeciles et malfaisants, et ils remettent en circulation des richesses qui n'ont souvent ete acc.u.mulees qu'a coups de rapines, ou par une perseverante marche dans les voies deshonnetes.

Mais ces soi-disant plaisirs menent de facon tres directe au crime: c'est la une notion ba.n.a.le, et les exemples ne manquent point.

Le duc de Bedford--cinquieme du nom--ayant perdu de grosses sommes un soir, a Newmarket, incrimina les des, les accusant d'etre pipes. Il se leva de table en colere, saisit les instruments de son malheur, et les emporta pour les examiner a loisir. Rentre chez lui, il se coucha, pour se calmer, remettant ses investigations au lendemain. Celles-ci se firent avec le concours de ses compagnons, et il dut reconnaitre que les des etaient fort orthodoxes. Cela le surprit, mais il n'avait qu'a s'executer et c'est ce qu'il fit: il adressa des excuses, et paya.

Quelques annees apres, un des joueurs qui se mourait le fit appeler. "Je vous ai prie de venir," dit-il, "parce que je voulais vous dire que vous etiez dans le vrai. Les des etaient effectivement pipes. Mais nous attendimes que vous fussiez couche: nous nous sommes glisses dans votre chambre, et aux des pipes que vous aviez emportes nous avons subst.i.tue qui ne l'etaient point, et nous les avons places dans votre poche."

"Mais si je m'etais eveille, et si je vous avais pris sur le fait?..."

"Eh bien! nous etions decides a tout ... et nous avions des pistolets."

La seule action meritoire de sa vie, disait M. Goldwin Smith du duc d'York, c'est de l'avoir une fois risquee en duel.... C'etait maigre, pour un prince du sang, et pour un simple particulier aussi bien. Car il ne la perdit point.

La delicatesse est tres mediocre.

William et John Scott, plus tard Lord Stowell et Lord Eldon, ayant obtenu quelque succes comme avocats; dans leurs jeunes aimees, avaient resolu de celebrer l'evenement par un diner a la taverne, apres quoi l'on irait au theatre. En payant l'addition, William laissa tomber une guinee que les deux freres ne purent retrouver. "Mauvaise affaire," fit William: "voila qu'il nous faut renoncer au theatre." "Que non pas," dit John: "je sais une tour qui vaut mieux." Il appela la servante. "Betty, nous avons perdu deux guinees: voyez donc si vous pouvez les retrouver."

Betty se met a quatre pattes et cherche si bien qu'elle retrouve la piece. "Bonne fille," fait William: "quand vous trouverez l'autre, vous pourrez la garder pour votre peine." Et les deux freres s'en furent au theatre, et plus tard aux plus hautes dignites de la magistrature. La pauvre Betty a-t-elle jamais compris le tour? Il se peut: ce n'est point par la delicatesse et les scrupules que se distinguait la clientele a laquelle elle avait d'habitude affaire.

De facon generale, pourtant, ce monde avait un certain courage personnel.

Le cinquieme comte de Berkeley avait dit un jour, devant temoins, qu'il n'y a point de honte a etre reduit par des adversaires, quand ceux-ci l'emportent par le nombre, mais que, pour lui, il ne se rendrait jamais a un voleur de grand chemin qui l'attaquerait seul.

En ce temps le brigandage etait repandu. Une nuit qu'il se rendait de Berkeley a Londres, sa voiture fut arretee par un seigneur de grande route qui, pa.s.sant sa tete a la portiere, lui dit: "N'etes-vous pas Lord Berkeley?"

"Certainement," repliqua celui-ci.

"C'est bien vous qui avez declare que vous ne vous rendriez jamais a un voleur de grand chemin qui vous attaquerait seul?"

"Parfaitement."

"Eh bien!"--et ce disant il braquait un pistolet sur Lord Berkeley--"je suis un de ces voleurs, et je suis seul; je vous demande la bourse ou la vie."

"Chien couard," crie Lord Berkeley, "crois-tu donc me tromper? Est-ce que je ne vois pas tes complices caches derriere toi?"

Le voleur se retourne, surpris, pour voir ces complices qu'il ignorait, car il etait reellement seul, et dans ce moment Lord Berkeley lui brule la cervelle.

Courage, et surtout presence d'esprit. Cette anecdote a ete racontee a notre auteur par la propre fille de Lord Berkeley.

La religion n'inspirait qu'un mediocre respect. La faute en etait en partie a ses representants, en partie a l'esprit general. Un pur formalisme, une etiquette mondaine, telle elle etait: rien de plus. Le systeme etait commode; il est reste tel, d'ailleurs, et non pas seulement en Angleterre.

Le mepris des choses religieuses etait naturel, et l'exemple partait de haut. Un des freres du roi, le duc de Cambridge, s'etait fait une specialite dans l'irreverence, en se creant pour lui seul une liturgie, et en repondant personnellement a l'officiant.

"Prions," disait ce dernier a la congregation.

"Certainement," faisait observer le duc; "c'est cela; prions."

Le clergyman commenca. Sans doute, la saison etait fort seche, car il demanda d'abord au ciel d'envoyer de la pluie. Mais le duc l'interrompit:

"Inutile; rien a faire pour le moment, le vent est a l'Est...."

Le service continua par une lecture de la Bible. "Et Zacchee se leva et dit: Vois, Seigneur, je donne la moitie de mes biens aux pauvres ..."

"C'est trop, c'est beaucoup trop," interrompit le duc; "des privileges, si vous voulez, mais pas le reste."

On lit les commandements. Le duc les commente. Il en est deux qui le genent:

"C'est tres bien dit; mais il est des cas ou c'est diablement difficile d'obeir.... Ah! pour celui-la, non; c'est mon frere Ernest qui l'a viole; cela ne me regarde pas."

A ce troupeau grossier, et mene par des pasteurs grossiers, on chercherait avec peine quelques sentiments eleves, en dehors du courage personnel. C'est quelque chose a.s.surement: mais n'est-il pas infiniment plus deshonorant de ne l'avoir point, qu'il n'est honorable de l'avoir?

Il ne semble pas qu'il y ait tant a vanter la possession d'un attribut qu'il serait degradant de ne pas posseder: c'est une vertu negative. La condition du peuple etait pitoyable: entre le _status_ des enfants des fabriques et l'esclavage, il etait difficile d'apercevoir une difference. A Bedlam, les alienes etaient enchaines a leurs lits de paille, en 1828, et du samedi au lundi ils etaient abandonnes a eux-memes, avec les aliments necessaires a portee, tandis que le geolier allait s'amuser au dehors. En 1770, il y avait 160 offenses punies de la peine de mort, et le nombre s'en etait beaucoup accru au commencement de ce siecle. Le vol simple appelait la peine capitale, et pour avoir vole cinq _shillings_ de marchandises dans un magasin, c'etait la corde. En 1789, on brulait les faux monnayeurs. C'etaient du reste des rejouissances, que les executions, et pour inculquer a la jeunesse des sentiments moraux, on conduisait des ecoles entieres au spectacle. Ceci se pa.s.sait encore en 1820. Sur le chapitre des dettes, la loi etait feroce. Une femme est morte dans la prison d'Exeter apres quarante cinq ans d'incarceration, cette derniere motivee par le fait qu'elle ne pouvait acquitter une dette de moins de 500 francs... Aussi les malheureux qui avaient perdu leur avoir, ou qui ne pouvaient faire face a leurs engagements, etaient-ils, pour ainsi dire, jetes dans les bras du crime. Plutot que d'aller moisir dans les cachots, ils prenaient la fuite, et comme il faut manger, ils demandaient le necessaire a la societe. Ils le demandaient de facons variees: l'une des plus repandues, et qui est relativement honorable, consistait a se faire brigand de grand chemin. Nombre de vaincus de la vie embra.s.serent cette carriere ou l'on put voir des gentlemen ruines et jusqu'a un prelat, l'eveque de Raphoe. Ils avaient beaucoup d'audace, pillant les voitures des invites a peu de distance du palais.

Voila pour le pa.s.se.

C'est par le mouvement religieux, issu d'Oxford il y a bientot soixante-dix ans, que la transformation fut operee. Par le mouvement religieux, qui fut admirable, et aussi par le mouvement politique ou la Revolution et la France jouerent un role preponderant. Ces deux facteurs ont puissamment contribue a remodeler l'Angleterre.

La pa.s.sion politique etait vive: et pendant un temps, tout l'interet se concentra sur ce qui se pa.s.sait en France. Tous les esprits qui avaient a coeur la liberte civile et la liberte religieuse, tous ceux que l'imperitie et la suffisance de la cla.s.se aristocratique degoutaient, tous ceux qui voyaient avec mepris ce que l'Eglise avait pu faire de la religion, avaient embra.s.se la cause de la France revolutionnaire. Fox, a la prise de la Bastille, s'exclamait: "C'est le plus grand evenement qui se soit pa.s.se au monde, et c'en est le meilleur." Il croyait que tout serait fini avec le demantelement de la vieille forteresse symbolique et ne prevoyait pas qu'elle pouvait etre sitot reconst.i.tuee: l'idee que le peuple serait a.s.sez bete pour se forger, benevolement, des chaines pour s'entraver lui-meme ne lui etait point apparue. Par contre, Burke etait pessimiste. Il ne voyait la que "la vieille ferocite parisienne," et se demandait si, apres tout, ce peuple n'est pas impropre a la liberte, et s'il n'a pas besoin d'une main vigoureuse pour le contenir. Il etait pessimiste et autoritaire: aussi eut-il beaucoup d'adherents; et Pitt bientot se joignit a lui, au moins dans la haine des revolutionnaires.

Son humiliation fut une joie profonde pour les whigs qui suivaient Fox: et il est interessant de voir que, pour beaucoup, la defaite de Pitt comptait plus que celle de Napoleon. Il y avait des whigs jusque dans la famille royale, et ils etaient pleins d'ardeur. Au reste la cause etait belle: c'etait celle de la liberte contre l'autorite. "Nos adversaires,"